L’écrivaine et philosophe Françoise Collin est morte le 1er septembre. Née en 1928 en Belgique et résidant en France depuis 1982, elle est la première à avoir écrit sur Blanchot (Maurice Blanchot et la question de l’écriture, Gallimard, 1971) et l’une de celles qui ont œuvré à la diffusion en France de l’œuvre de Hannah Arendt, découverte dans les rayons d’une libraire américaine en 1983 (Ontologie et politique, Tierce, 1989 et Hannah Arendt, L’homme est-il devenu superflu ? Odile Jacob, 1999).
La plus féministe des philosophes, et la plus philosophe des féministes, épingle vaillamment l’antiféminisme dont ne sont pas exemptes les pensées levinassienne et derridienne du féminin. Elle est l’une des premières et l’une des seules à l’oser.
Cofondatrice de la première revue féministe francophone, Les cahiers du Grif (1973-1997), attentive à sauvegarder et promouvoir l’inventivité des femmes, elle publie les écrivaines et les penseuses les plus diverses (Barbara Cassin, Geneviève Fraisse, Françoise Héritier, Nancy Huston, Luce Irigaray, Sarah Kofman, Rosi Braidotti, Joan Scott, Monique Schneider, Gertrude Stein…) et analyse les œuvres des artistes et des cinéastes les plus contemporaines. L’intégralité des Cahiers du Grif est disponible en ligne sur le site de Persée.  
En 2000, Françoise Collin constitue, avec Eleni Varikas et Evelyne Pisier l’anthologie des textes philosophiques consacrés aux femmes de Platon à Derrida (réédition Dalloz, 2011). En 2005, elle codirige avec Pénélope Deutscher Repenser le politique. L’apport du féminisme (Campagne première), qui rassemble des textes anglophones d’auteures aussi diverses et cruciales que Judith Butler, Catharine MacKinnon ou Susan Moller Okin. En 2010, elle œuvre à la fondation de la Revue des femmes-philosophes de l’Unesco.
Jusqu’à la fin Françoise est demeurée d’une vigilance critique et d’une générosité hors pair.