Cette biographie de Sartre dépasse le simple récit de vie puisqu'elle réinterroge également le travail du biographe.

La plupart des discussions autour des biographies d’écrivains ou de philosophes reposent sur la difficulté de penser le rapport entre la vie de l’auteur et son œuvre. D'autres questions sont tout aussi pertinentes : que fait le biographe et quels sont ses titres à fouiller une existence ? Quelle confiance accorder aux témoins ? Comment distinguer des propos à valeur historique et des propos hagiographiques ? Pour beaucoup il y a aussi de l’indécence dans ce geste qui consiste parfois à montrer que tel auteur a menti sur tel ou tel point de son existence. Le biographe, comme le souligne Annie Cohen-Solal, force de surcroît la gangue des récits personnels et des narrations recomposées après coup. Il interroge les entourages. Il plante, comme elle l’écrit, ses outils de fouille archéologique dans des chefs-d’œuvre. Enfin, s’agissant de Jean-Paul Sartre (1905-1980), il est légitime de se demander comment raconter la biographie d’un théoricien de la liberté, refusant par conséquent la réduction des individus à des déterminations sociales. Reconduire un auteur de ce type à de telles déterminations et à une trajectoire qui, rétrospectivement, paraît « évidente », n’est-ce pas nier les propositions philosophiques que l’on prétend rendre publiques ? Mais la difficulté vaut aussi pour les écrits publiés que l’on risque de figer dans un commentaire définitif alors que les lectures et révisions demeurent importantes d’une époque à l’autre.

On confrontera d’ailleurs avec intérêt la biographie d’Annie Cohen-Solal à tous les manuels destinés à des biographes et autres consignes que l’on peut rencontrer dans des ouvrages pédagogiques ou sur Internet. Le formalisme y règne pleinement. Les notions d’information ou de fait y sont centrales, sans qu’on s’interroge sur ce dont il s’agit et sur la manière de construire un fait. Enfin, la perspective est le plus souvent conduite à partir de la notoriété acquise par le personnage, ce qui induit une rétrospection erronée et une linéarité de l’existence tout à fait problématique, surtout pour un auteur qui touche à de nombreux domaines qui ne se synthétisent pas aisément. D’une certaine manière, Sartre aurait donc été Sartre avant de l’avoir été. Ici, le cas est d’autant plus symptomatique que des écrits inconnus ou peu connus ont encore été publiés après le décès de l’auteur, et des langues se délient à nouveau. Reste toujours une difficulté en suspens : les liens de causalité entre l’humain et son œuvre. En général, l’existence de tels liens est présupposée, et la causalité est pensée comme immédiate.

La construction proposée par Annie Cohen-Solal échappe à tout cela. Son ouvrage, rédigé en 1985, cinq ans seulement après le décès du philosophe, était destinée à un éditeur d’outre-Atlantique. Il fut cependant publié rapidement en France. Le voici désormais republié.

 

Biographie et littérature

Trente-quatre ans après la première publication, il ne s’agit pas de raconter à nouveau et en peu de mots ce que l’auteure décrit avec subtilité, force analyses, et amplitude (960 pages). Il s’agit plutôt de redécouvrir, à partir de ce cas exemplaire, l’art de la biographie intellectuelle, de reposer la question délicate de la construction d’une biographie, et de la manière dont un auteur peut « être son siècle » à défaut de le représenter pleinement. Car ce dont il est question désormais, en matière de biographie, c’est bien de récits qui s’obligent à commencer autour de la naissance du personnage central et qui accompagnent dès lors la grande histoire, comme s’il allait de soi de lire une existence par une chronologie. Au contraire, les très anciennes biographies ne s’intéressaient guère à la naissance et l’enfance des personnages célèbres. Notre conception du temps de l’existence a manifestement changé.

La question de la construction de la biographie est délicate. L’auteure le sait bien et se justifie en n’oubliant pas, « tout bien pesé », qu’il s’agit sans doute d’un « acte anti-sartrien ». Par exemple, alors que Sartre de son côté affirme ne rien savoir de son père et s’être fait sans lui, Annie Cohen-Solal déploie sous nos yeux une généalogie familiale paternelle parfaitement saisissable. Elle remet en quelque sorte les compteurs à zéro dans la réalité. Comment, alors, interpréter les propos mêmes de Sartre ? Par un acte littéraire ? Par sa philosophie de l’homme se faisant, sans aucun doute. On découvre donc la vie à Thiviers, le Périgord, l’admirable foie gras, Polytechnique, le mariage avec la mère, le rôle de l’officier de marine, l’escadre partie sous les tropiques, etc. Mais si l’affaire est délicate, c’est avec non moins de délicatesse que, malgré les mots du philosophe qui prétend tout ignorer, la biographe du fils donne corps au père.

La reconstruction de la famille Schweitzer, celle du grand-père alsacien, est tout aussi délicate. Cette fois, nous nous confrontons directement à la publication des Mots. Mais il fallait aussi faire valoir le surinvestissement pédagogique et affectif dont l’enfant a bénéficié, ainsi que le rôle de ces volontés fortes d’adultes actifs autour de lui. « Poulou » donc, ce pur produit de la volonté du grand-père, rapidement nommé ainsi. La biographe doit être habile. Elle peut saisir tout ce qui échoue sur la tête de l’enfant, un grand-père théâtral et une mère sinistrée, mais elle ne peut approcher la construction mentale personnelle qui en résulte, sauf à tomber dans une psychologie un peu bricolée.

On le savait, mais l’auteure le montre : Les Mots, ce récit littéraire de 1963, ne dit pas tout. L’ouvrage est à la fois beaucoup plus que le récit de l’enfance et beaucoup moins. Un roman d’apprentissage ou une auto-analyse ? Ce serait à considérer. Que raconte-t-il vraiment ? Une histoire ? C’est à vérifier. Sartre aurait donc été ceci ou cela ! Pourtant, la reconstitution sartrienne est outrancière, elle relève bien d’une interprétation personnelle. Et il est vrai que le grand père écrit tout autre chose sur de nombreux épisodes.

 

La fin d’un monde

En revanche, il est plus facile de prendre une perspective historique générale sur l’époque de naissance du personnage. Pour le lecteur, c’est même un parcours passionnant accompli dans l’histoire par la médiation de quelques individus singuliers.

Sartre est initié à la lecture dans la bibliothèque de son grand-père. Plus de mille volumes la meublent. Le cabinet de lecture se situe entre le canapé et le piano à queue. Et la bibliothèque est le monde pris dans un miroir. C’est une bibliothèque d’adultes, de classiques franco-allemands. On y découvre des pages et des pages de dictionnaires initiant à la vie des grands hommes…

Mais plus largement, le parcours fait rencontrer, avec la fin de la Grande Guerre, le passage d’une France à une autre. De celle d’un pays-puzzle, sans unité culturelle, atomisé dans des bastions régionaux, vers un pays aux dimensions modernes : une France cette fois hexagonale et unifiée. Et au cœur de la description, l’auteure nous fait approcher la manière dont la laïcité et le rapport à l’enseignement, ainsi que le combat anticlérical contre l’omnipotence religieuse participent de la restructuration sociale, fut-on pris entre la France et l’Allemagne parce qu’Alsacien. La Première Guerre, de surcroît, efface tous les vieux restes de l’aristocratie que la Révolution n’avait pas réussi à enterrer.

A titre de comparaison, l’auteure nous propose de confronter ce parcours avec celui de l’ami si important, Paul Nizan. Mais la même IIIe République, si elle offre des chances égales, ne peut lutter contre les déterminations sociales qui reviennent ici, malgré les théories de la liberté. Tous ont bien le culte de l’enseignement laïc et républicain, mais ce qui pour l’un est un dû, est pour l’autre un miracle. La promotion sociale par la culture ne fonctionne pas de la même manière.

Ce monde nouveau, c’est aussi celui du cinéma : Sartre se penche sur l’art nouveau par excellence et l’explique en phagocytant ce monde. Ainsi en va-t-il de son premier Discours de cérémonie de distribution des prix au Lycée du Havre. Moment d’anthologie et surtout, pour la biographe, une belle reconstitution, à confronter avec quelques passages de La Nausée.

 

La philosophie

Plus compliquée à cerner et à commenter, sans aucun doute, est la dynamique qui porte Sartre à la philosophie, cette trajectoire qui transforme un être de bibliothèque en un écrivain célèbre et célébré, mais qui s’est toujours refusé à devenir un maître à penser. Ce qui n’a pas empêché beaucoup d’en faire un tel maître ; l’auteure y revient longuement à la fin du volume. La biographe tente de cerner cette trajectoire avec habileté. Elle ne cherche pas une ou la cause, en la rapportant à la carrière future. Elle construit de multiples voies d’approche qui finissent par trouver leur synthèse dans la carrière philosophique. Bel exercice de biographie, qui se retrouve à d’autres occasions dans l’ouvrage (les rapports avec le PCF, Mai 68, etc.).

Parmi ces voies, pour en rester à la trajectoire philosophique, se trouvent celle de la classe préparatoire et de la rencontre avec le philosophe Colonna d’Istria. La biographe nous parle d’ailleurs moins de lui que de la suggestion qu’il fait aux élèves et que certains recevront fort bien : lire Bergson. Cette lecture donne à l’élève Sartre un coup de foudre, sans qu’il devienne bergsonien pour autant. Il écrit : « J’y trouvais une description de ma propre vie psychique ».

S’ensuivent les années ENS, les turnes, les cours, les rencontres, les amitiés (Paul Nizan, Raymond Aron…) et les directeurs dont on se moque. Sartre y joue le fils doté et le fils rebelle simultanément en plein cœur de la république des professeurs, qui se prolonge en lui dans les premiers postes (Sartre au Havre, puis à Paris ; Simone de Beauvoir à Rouen, etc.). Provocateur, irrespectueux, subversif, les « quatre années de bonheur » à l’ENS verront se déployer aussi les facéties d’un normalien doué.

Ici à nouveau une interrogation : comment procède la biographe ? Ce qui est clair, c’est qu’elle a conduit de nombreuses enquêtes et cite des voix encore vives à l’époque, témoignant de ce que tel ou tel a pensé, vécu de son côté et parfois écrit par la suite. Les voix sont toutes citées, et répertoriées en notes, quand elles ne sont pas rapportées à leur auteur sous forme d’un précieux cahier de photographies, au centre de l’ouvrage.

Viennent alors au jour des paroles et des traits que l’on connaît parfois parce que certains d’entre eux ont été rendus publics, mais qui ici sont contextualisés et reliés au personnage de Sartre. Ce point est d’ailleurs essentiel pour réussir à faire valoir les querelles entre les amis, sans leur donner des dimensions erronées.

Ensuite, la carrière de philosophe est entamée, à la fois sous les auspices de l’enseignement et sous celles de la littérature (donc des publications). Là encore, Annie Cohen-Solal a accompli un travail de reconstitution, y compris des propos des premiers éditeurs, comme par ailleurs des jurys auxquels il a fallu se confronter (agrégation), avant que ce ne soit à la presse, dont les articles sont repris ici. L’enquête a pu s’accomplir avant la mort des témoins. Notamment, pour ce qui concerne la leçon d’oral de l’agrégation, celle de Maurice de Gandillac. Quant à la carrière de professeur, les anciens élèves ont été suffisamment bavards pour que le portrait du cours au Havre, puis à Paris, prenne corps : contenu du cours, groupies et ennemis, opposition aux traditions et lois scolaires, déprise des conventions pédagogiques absurdes, etc. Sous cette forme, comme on le sait, la carrière ne dure d’ailleurs pas.

 

Le voyage, la polygamie, la transparence

Le travail porte ensuite sur les rapports de Sartre et de Simone de Beauvoir. Nous rencontrons la famille de Simone, ses refus de voir Sartre tant que le couple n’est pas marié, et autres avatars privés.

Mais là encore, pour en revenir au travail du biographe, il importe d’être attentif aux différents fils qui nouent le récit. Certains points centraux sont publics, y compris la célèbre formule « le voyage, la polygamie, la transparence » qui annonce à Simone de Beauvoir les conditions de leur liaison. D’autres le sont encore, comme les amantes et les amants, les conditions d’existence, le statut des cafés, les voyages, etc. D’autres pourtant le sont moins, par exemple, la reconstitution de la vie dans le camp de prisonnier, après la défaite, durant la fin de la Deuxième Guerre mondiale, au terme par ailleurs d’une guerre qui fut nommée « drôle » parce qu’elle ne ressemblait pas à la guerre des tranchées que cette génération avait gardée en mémoire par le récit des grands-parents.

Entraîné parfois par la lecture de cet ouvrage, le lecteur en oublie le colossal travail de tissage qu’il a fallu déployer pour opérer une telle synthèse autour d’un écrivain qui a appris à régner sur des idées et sur des mots, à partir de sa plongée dans les bains doucereux de l’élite. L’auteure s’étonne parfois elle-même de ce qu’elle accomplit. « Comment, aujourd’hui, appréhender au plus juste » tel ou tel document offert à ses yeux ? « Comment analyser les vestiges de » telle ou telle action, rencontrée par elle sous forme de témoignages, jusqu’en 1980, enveloppant l’analyse nécessaire des cortèges funèbres en direction du cimetière du Montparnasse ?

Au-delà des affaires du couple, il y a une période décisive à commenter : la résistance. Autant le cadrage général est relativement simple à mettre au jour, dans des pages tout à fait claires, autant la première plongée de Sartre dans Paris occupé, et « immédiatement prêt à se battre », est plus délicate à analyser, surtout si l’on tient compte d’un contexte complexe. Les amis et connaissances de Sartre en resteront souvent étonnés, ainsi que les élèves du lycée Pasteur. Mais les réseaux d’anciens de l’ENS sont aussi efficaces.

Au demeurant, on remarque assez aisément, au fur et à mesure des citations proposées par la biographe, que Sartre a toujours rencontré des élèves qui deviendront, à un titre ou un autre, des écrivains célèbres (par exemple Jean-Bertrand Pontalis pour l’épisode auquel nous pensons ici). Il est dès lors plus facile d’obtenir des récits ou des souvenirs pour grossir le dossier de ce qui restera au titre d’une biographie. Ce sera le cas, ensuite, pour la question des tracts de résistance, dans laquelle nous croisons Maurice Merleau-Ponty, Jean-Toussaint Desanti, François Cuzin, Yvonne Picart, etc. Les souvenirs de Dominique Desanti aideront grandement à répertorier les actions entreprises.

La biographe a tous les atouts en mains, autour de cet écrivain qui résistait sans être un résistant qui écrivait. Elle peut raconter la « réonéo » des tracts dégoulinant d’encre dans le jardin de Mme Pouillon, les partis pris de tolérance car-on-a-besoin-de-tout-le-monde, la rédaction des textes, les contacts avec les éditeurs clandestins (éditions de Minuit, Les Lettres françaises clandestines…), le collage des affiches, le groupe « Socialisme et Liberté », mais aussi le travail de résistance suspendu par les vacances d’été, les trajets à bicyclette, et les hésitations devant les propos et propositions de Sartre de ceux qui ne lui connaissaient pas de passé politique. C’est devant de tels passages que l’on se rend compte d’une autre difficulté faite au biographe : qui croire ? Comment le croire ? Suffit-il d’une théorie du point de vue pour réaliser une synthèse « vraie » ?

 

Hôtels et cafés

Qui livre les renseignements dont la biographe a besoin ? Elle écrit : « J’ai mené une grande battue tous azimuts pour récupérer le maximum de témoignages, relever le maximum de traces de tous ordres […] avant de les traiter ». Il y a ceux qui écrivent sur tel ou tel mais parce que ce récit appartient à leur œuvre. Et il y a ceux qui savent telle ou telle chose, mais n’éprouvent pas le besoin de l’énoncer. Les témoins aussi de la vie quotidienne : le patron du Café de Flore, les partons des hôtels du Havre, de Paris, et le déménagement d’un hôtel à l’autre, par exemple de Montparnasse à l’hôtel de la Louisiane, tandis que Simone de Beauvoir loge rue Dauphine. Entre les deux, il y a les écrits du personnage qui fait l’objet de la biographie (ici Sartre) et les rapports officiels (rapports d’inspecteurs, rapports de police, rapports de Vichy sur « M. Sartre », rapports d’inconnus choqués par telle ou telle affaire, et rapports divers autour de Mai 68, ou autres affaires). Et parfois les ministres qui acceptent de débloquer des archives (sur le service militaire de Sartre). Imaginons d’ailleurs la quantité d’archives dont a dû et finalement pu disposer l’auteure de cette biographie au terme de ses appels. Il y eut les textes « officiels », les écrits de Sartre lorsqu’il livre des faits. Ce qui était publié était disponible (les ouvrages, les articles, les émissions de radio). Mais il a fallu attendre aussi les notes manuscrites. Elles furent pourtant publiées rapidement après le décès du philosophe, avec autorisation de Simone de Beauvoir. Et puis les interviews, les visites aux amis et connaissances. Enfin tout le travail de recoupement.

Ceci établi, il faut rendre grâce à la biographe de ne jamais citer tel ou tel document sans le commenter, sans en indiquer la provenance et sans le rapporter à la vie de l’auteur lorsqu’il s’agit de textes. Ce n’est donc pas vraiment une statue que dresse l’auteure, à l’égal de la statue qu’une université voulut lui dédier, ou de la statue que la commande publique, dans les années qui suivent le décès, lui consacra dans l’enceinte de l’ancienne Nationale.

Finalement, il est possible de traverser cette biographie à partir de plusieurs critères. On peut la lire pour le plaisir qu’offre un récit chronologique et historique, ou pour reconstituer les réseaux de noms, d’amitiés et d’inimitiés, voire d’opinions discordantes qui ont, d’une certaine façon, participé à « faire » Sartre. Avec une bonne carte de géographie, il peut encore être plaisant de dessiner la trajectoire spatiale de Sartre, chaque cercle d’activité rapprochant ou éloignant l’écrivain de Paris. Quelques uns pourront aussi faire le décompte des textes rédigés en les rapportant à « l’évolution » de la carrière de Sartre. Mais le plus intéressant, nous semble-t-il, est de prendre à bras-le-corps le rapport entre les moments vécus, les textes rédigés et l’accueil qui leur est fait. L’auteure de cette biographie, sans laisser croire à une quelconque causalité directe entre la vie de l’homme et l’œuvre, a su enchâsser avec tact les trois dimensions, de telle sorte que les rendez-vous entre la pensée et l’époque (sous toutes ses formes, y compris à partir de 1950, sous la forme des médias, de la télévision, etc.) paraissent assez variés et contradictoires : allant de rendez-vous positifs en rendez-vous manqués, de personnages désormais centraux (Arlette) en personnages suscitant des conflits (Pierre Victor et Simone de Beauvoir, autour de 1978).

 

C’est, en fin de parcours, dans la postface du biographe que l’entreprise se voit théorisée et commentée. Sartre s’est dérobé au jeu de la biographie, on comprend pourquoi. Mais l’entourage ne fut pas toujours plus encourageant. L’auteure cite quelques exemples. Mais c’est pour mieux conclure par un autre biais : en fin de compte, l’œuvre de Sartre, entendons ici sa personne et ses écrits, ne constituent-ils pas, en un sens, une longue méditation sur la biographie ? Pirouette ? Pas certain.