Le 5e numéro de la revue Nectart donne du grain à moudre à ceux qui s'interrogent sur les enjeux de la politique culturelle à venir.

Le dernier numéro publié de Nectart (Nouveaux Enjeux dans la Culture, Transformations Artistiques et Révolution Technologique), le n° 5, ouvre, avec une matière abondante, le temps des vacances ou de la préparation des vacances. Le temps par conséquent de la lecture lente et mieux assimilée. Le temps du loisir – risquons le terme, malgré les confusions.

Nous vivons une heure de renouvellement du ministère, avec une nouvelle répartition des conseillers du cabinet : le directeur de cabinet vient du secteur du livre (faut-il s’en étonner ?) ; un conseiller vient du ministère du Travail ; il n’y a plus, à l’heure où nous écrivons, de conseiller arts plastiques, ni de conseiller spectacle, ce sont des directeurs d’administration centrale qui les remplacent... A cette heure donc, il est aussi temps de s’interroger sur les institutions. En cela, ce numéro d’une revue conduite par Eric Fourreau, et qui puisse cette fois largement ses rédacteurs d’articles dans le comité éditorial, doit faire partie des projets de lecture estivale de ceux qui s’intéressent à la politique culturelle.

Tablant sur un certain aveuglement des politiques en ce qui concerne les dynamiques culturelles – on en est encore souvent au « Paris et le désert français » de sinistre mémoire –, ce numéro souligne avec beaucoup de force que la réalité culturelle du territoire renvoie plutôt à une effervescence inouïe d’initiatives, croisant démarches artistiques, engagements citoyens, solidarité sociale, souci environnemental, innovation digitale... L’éditorial de ce numéro cite en abondance les associations et autres lieux culturels qui démentent le « désert » supposé par les politiques parisiens. Elles font œuvre de service public, dans la plupart des cas sans les moyens d’État.

Que devient alors la politique culturelle ? L’intérêt de chaque livraison de Nectart est que cette revue fait place aux artistes, écrivains, etc. en tête de numéro et avant les commentaires de spécialistes sur telle ou telle question. Pour la France, elle donne ici la parole aux musées nationaux, aux FRAC, à la culture scientifique et technique, aux Régions, aux métamorphoses de l’action culturelle. A l’international, parole est donnée aux artistes du Réveil africain.

L’invité de ce numéro est Jean-Claude Carrière. Il nous parle de Luis Bunùel, de Peter Brook, de Jean-Luc Godard, en traversant un siècle d’art. La réflexion sur les musées a pour objet précis la délocalisation de ces derniers à partir de Paris (Louvre, Beaubourg). Celle qui porte sur les FRAC met en avant la contradiction qui les structure (musées ou soutiens du marché de l’art). Ainsi va le numéro qui alimente la réflexion sur notre manière politique d’aborder les questions de culture, et sur les grands projets de politique culturelle du quinquennat qui vient de s’ouvrir.