Si vous avez plus de 20 ans, n’allez pas plus loin


TOPO, nouvelle revue bimensuelle, propose d’informer le monde adolescent - avec sérieux, et sans négliger l’approche artistique. Déclinaison jeunesse de la Revue dessinée, qui entame sa troisième saison après avoir fait ses preuves journalistique, artistique et économique, TOPO reprend les ingrédients de ce succès et tente le difficile pari de s’adresser aux jeunes (et à d'autres).

On parle d’actualité nationale et internationale sur plus de la moitié de la pagination. La bande dessinée de reportage situe l’information dans un contexte plus général, autour d’une histoire. Les styles graphiques proposés éduquent l’œil des jeunes lecteurs aux différentes possibilités narratives du dessin. La longueur des reportages - plus de 20 pages- permet le traitement de sujets politiques ou économiques en profondeur.

Au sommaire, cinq longues séquences (15 à 25 pages) alternent avec des doubles-pages, sur fond d’actualité, de culture générale et de fiction. Pour les deux numéros parus, cela donne le programme suivant.

- « Le grand reportage » (25 pages) joue la profondeur, l’analyse et la réflexion. Dans le #1, une enquête présente les YouTubeurs et le nouvel écosystème financier qui en découle. Le #2, avec une histoire intitulée « Made in Bangladesh », fait le point sur la provenance de nos tee-shirts.

- « La question du moment » décline, sur 15 pages, une actualité : la réglementation du port d’arme aux USA dans le #1, et la primaire à droite dans le #2. Pour cette rubrique, le dessin illustre de façon didactique ces questions complexes.

- «Tête-à-tête » brosse sur une double-page de le portrait d’une personnalité. Après Angela Merkel pour le #1, le #2 s’attache à montrer l’évolution de carrière de la chanteuse Beyoncé. Éclectique et instructif. 

- Plus grave, « Le témoignage » retrace des vies d’ados singulières. Le #1 présente Alaa qui, à 15 ans, a dû fuir Damas sous les bombes. Le #2 présente Manu qui, à 15 ans, a fait le choix de partir sur un voilier-école plutôt que de finir dans un centre de détention pour mineur après une tentative de meurtre. Du vécu.

- TOPO propose aussi plusieurs rubriques de culture générale, ainsi l’excellente « De qui se moque-t-on ?» dans laquelle Pochep subvertit un personnage (un chanteur, un YouTubeur, un héros de série…) avec pertinence. Sa mise en scène et son dessin incisif s’inscrivent dans la grande tradition du journal américain Mad. Au sommaire du #1, Pochep croque Tyrion Lannister, personnage du roman et de la série Game of Thrones. Dans le #2, il dévoile les techniques de vente de Norman of Youtube.

- Le dernier tiers consacre la partie fiction en revenant sur un roman graphique à travers un extrait, tel celui de Karlen de Villiers, une autobiographie de l’auteur dans l’Afrique du Sud sous Apartheid des années quatre-vingt. En fin de revue, une création originale met en scène un groupe d’adolescents parisiens après le 13 novembre 2015. Ambiance.

TOPO est la petite sœur de la Revue Dessinée. L’approche est plus didactique, mais les exigences sont les mêmes. Du point de vue graphique, comme nous l’a précisé le directeur de la rédaction Franck Bourgeron, l’utilisation d’une véritable « grammaire de la bande dessinée » contribue à valider l’ensemble du récit. Au-delà de l’actualité, on parle aussi d’une nouvelle collection réalisée par un tandem historien-dessinateur : l’Histoire dessinée de la France. Sans parler de scoop, un numéro 1 est en préparation. Impatience...