Suite au droit de réponse de l'auteur de "La valeur d'un film", Eric Dufour, notre collaborateur Philippe Ortoli, auteur de la critique 

Suite au droit de réponse de l'auteur de "La valeur d'un film", Eric Dufour, notre collaborateur Philippe Ortoli, auteur de la critique parue sur notre site le 14 septembre 2016, a souhaité réagir sur quelques points du débat.

 

Cher collègue,

Ce qui m’a décidé à vous répondre est moins le ton de votre texte, témoignant du même style méprisant et condescendant qui se dégage de vos ouvrages, que ce que vous y sous-entendez. Que vous considériez que je ne comprends pas votre livre, ou feins de pas le comprendre, soit ; que vous jugiez « maladroite » mon interprétation de Kant, soit (la vôtre d’Hitchcock le serait alors tout autant) ; que vous notiez à juste titre que Jacqueline Nacache ne dirige pas de département  à Paris-Diderot (elle y exerce, ou y a exercé d’autres fonctions importantes), soit. Sur les autres points, vous avez le droit de penser ce que vous écrivez, comme j’ai le droit d’écrire que votre défense de l’usage ressemble à un prétexte pour démolir un certain nombre de discours – ce qui, d’ailleurs, cadre assez bien avec votre profession de foi (« lutter contre la bêtise »…). Je ne peux néanmoins pas accepter que vous rabattiez ma critique de votre ouvrage à une défense «  de (mes) intérêts et de (ma) position », étant donné que je ne connais personnellement aucune des personnes que vous mentionnez, que je ne suis pas critique de cinéma, et que je ne dirige aucune collection dans une maison d’édition (ni n’en connais de responsables). Je suis simplement, comme vous, un professeur d’université en études cinématographiques, soucieux d’intervenir dans un débat d’idées que vous avez initié (avec violence) dans votre livre. Il est peut-être plus aisé pour vous, qui questionnez avec tant de vigueur votre propre positionnement, de lire dans ma critique un pur symptôme corporatiste, lequel confirmerait en creux la justesse de vos hypothèses (au motif que ces dernières « dérangeraient », comme on dit). Mais peut-être s’agit-il, plus simplement, de l’expression d’une conception différente de la vôtre de la culture cinématographique, de l’intelligence collective au travail, de l’émulation par les aînés ou les pairs, et des rapports d’échange entre les subjectivités en présence dans les champs artistique, critique. Faire de moi le soldat de la diaspora germanopratine (et/ou de la philosophie de Carroll) en danger est tellement cocasse pour qui connaît mon parcours qu’il s’agit sûrement plus d’un trait d’humour que d’une véritable attaque. Sans doute, et ce pour terminer avec le sourire, est-ce encore un signe de votre passion pour le comique nonsensique, illustré dans votre ouvrage par votre défense de Philippe Clair…

 

Bien cordialement,