Devenu un phénomène mondialisé, un produit marchand et tout à la fois un grand spectacle, le sport professionnel a pris une place considérable dans les médias, dans les débats de société et dans nos vies.

Trop souvent perçu comme "apolitique", l'univers sportif de haut niveau véhicule une idéologie de la performance et de l'exploit qui s'insère pleinement dans le processus de mondialisation et, en particulier, de globalisation financière   , propre à notre époque, et soutient notamment une "industrie" médicale et pharmaceutique du dopage, comme l'ont révélé il y a déjà quelques années les "affaires" Festina (sur le Tour de France 98) et Puerto (dans l'espace sportif espagnol).

En réalité, les événements sportifs sont de longue date en prise avec les réalités de notre monde, comme le montrent plusieurs ouvrages récents d'histoire politique et sociale du sport : deux sur le Tour de France (Jean-François Mignot, Histoire du Tour de France, La Découverte, coll. "Repères", juin 2014), dont l'un centré sur l'époque où cette épreuve se jouait entre équipes nationales (Fabien Conord, Le Tour de France à l'heure nationale. 1930-1968, PUF, avril 2014), et un troisème sur l'implantation progressive du football, sport venu d'outre-Manche, dans le département de la Seine de la fin du XIXe siècle à 1940 (Julien Sorez, Le football dans Paris et ses banlieues. Un sport devenu spectacle, Presses universitaires de Rennes, mai 2013).

De nos jours, au regard de son omniprésence économique et médiatique dans la société, le sport, comme "objet" d'étude et de débats, est de plus en plus entendu comme une "idéologie" éminement politique, relayée par des firmes à grands renforts de capitaux et de plus en plus critiquée comme un nouvel "opium du peuple", tendant à une certaine dépolitisation, comme l'explique le volume publié par le collectif alternatif "Quel sport ?" (L'idéologie sportive. Chiens de garde, courtisans et idiots utiles du sport, L'Echappée, avril 2014). La revue critique Mouvements en vient même à se demander si, dans ce contexte, il est bien raisonnable de se passionner pour un tel spectacle sportif, au sujet plus précisément du football moderne, centré sur des icônes commerciales, et plus proche du marketing et de la publicité que de l'esprit originel du mouvement sportif (Mouvements, Dossier "Peut-on aimer le football ?, n°78, printemps 2014).

Enfin, dans une vision plus descriptive et beaucoup moins critique, Pascal Bonficace, directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), qui se présente comme un spécialiste de la "théorie" des relations internationales du sport, vient de publier un panorama des puissances politiques du sport professionnel au niveau mondial (Pascal Boniface, Géopolitique du sport, Armand Colin, mai 2014), prolongeant ses réflexions de 2012 sur l'histoire politique du mouvement olympique (Pascal Boniface, JO Politiques, Editions JC Gawsewitch, mai 2012).

A lire sur Nonfiction.fr :

 - "Le sport comme objet d'histoire politique et sociale", recension des ouvrages de Fabien Conord Le Tour de France à l'heure nationale. 1930-1968, de Jean-François Mignot Histoire du Tour de France et de Julien Sorez Le football dans Paris et ses banlieues. Un sport devenu spectacle.

 - "Critique politique et panorama géopolitique du sport", compte-rendu des livres L'idéologie sportive. Chiens de garde, courtisans et idiots utiles du sport du collectif "Quel sport ?" et Géopolitique du sport de Pascal Boniface, ainsi que du numéro 78 de la revue Mouvements, consacré au thème : "Peut-aimer le football ?"