Recueil d'histoires européennes par et pour les Européens qui, pour se construire, doivent d'abord se connaître. 

 

L’auteur avait peut-être en tête le poème de Baudelaire « Correspondances » quand il a choisi le titre de son ouvrage. Il revendique en tout cas « L’invitation au voyage ». Le résultat est un bel ouvrage, original, signé par un universitaire, expert des questions européennes et pro-européen... Philippe Perchoc a lancé en 2004 l'association « Nouvelle Europe » dans l'objectif d'offrir un regard neuf sur l'Europe élargie et son voisinage.

Il ne cherche cependant pas à faire du prosélytisme et on le sent d’ailleurs parfois désenchanté au détour d'une phrase. « Ce n’est pas un livre pour faire la campagne d’un camp ou d’un autre dans les élections européennes. En effet, la politique européenne, telle qu’elle est menée par les partis politiques en Europe, est à l’image des vies politiques nationales. Elle est, disons-le, assez décevante ».

L’objectif de son livre n’est donc pas prioritairement politique. Il est avant tout culturel, même si on ne dissocie pas facilement les deux.

Philippe Perchoc est parti du constat que dans l'Europe à 28, on se connaît peu. Il relate les propos d’un politique français au moment du débat sur la Constitution européenne en 2005. Interpellé sur les apports du traité pour les pays ayant rejoint l’Europe en 2004, celui-ci répond : « Eh bien qu’ils aillent se faire foutre ! Lituaniens ? T’en connais, toi des Lituaniens ? J’en ai jamais vu moi ». Pour Philippe Perchoc, si on ne se connaît pas, « il est difficile d’accepter d’être représentés à l’échelle du continent par des figures politiques dont les pays ne nous disent rien ».

Philippe Perchoc veut avant tout bâtir des ponts et il fait le choix dans cet ouvrage, pas du tout universitaire, de relater avec un vrai talent littéraire des récits individuels. Il le justifie très bien : « L’Europe n’a pas besoin d’une histoire, elle a besoin d’histoires, de ces histoires de milliers d’Européens qui disent quelque chose de l’Europe d’aujourd’hui »…

Il nous entraîne ainsi en voyage dans neuf États membres au gré de ses déplacements universitaires. Il nous fait découvrir, Kaliningrad, Brest, Bruxelles, Lund, Sofia, Copenhague, Budapest, Bruges, Riga. Philippe Perchoc en profite pour élargir son propos à l'Europe de la défense, les relations de l’Europe avec la Russie, les institutions européennes, l’éducation, la solidarité, la justice....

Si La démarche de Philippe Perchoc est intéressante, c’est parce qu’elle nous rappelle que ce sont d’abord les citoyens qui fabriquent l’Europe et pas les institutions. L’organisation politique, comme il le formule joliment, sert « à débattre, discuter, modifier » « à donner du sens » et « une possibilité de vivre ensemble ».

On conclura sur la très belle citation de Paul Valéry citée dans l'ouvrage. Valery écrivait il y a presque un siècle en 1924 : « Cette Europe peu à peu se construit comme une ville gigantesque. Elle a ses musées, ses jardins et ses ateliers, ses laboratoires et ses salons. Elle a Venise, elle a Oxford, elle a Séville, elle a Rome, elle a Paris. Il y a des cités pour l’Art, d’autres pour la Science, d’autres qui réunissent les agréments et les instruments. Elle est assez petite pour être parcourue en un temps très court, qui deviendra bientôt insignifiant. Elle est assez grande pour contenir tous les climats ; assez diverse pour présenter les cultures et les terrains les plus variés.au point de vue physique, c’est un chef d’œuvre de tempérament et de rapprochement des conditions favorables à l’homme. Et l’homme y est devenu l’Européen »