Ambiance : l’après-midi du samedi 4 février 2012 semble tout à fait paisible aux abords de la Bellevilloise dans le XXème arrondissement   . Il est 14h45, deux trois fumeurs se risquent au grand froid, il fait une température extérieure de moins cinq degré. A l’arrivée deux vigiles surveillent l’entrée, impossible de rentrer, le Loft - salle réservée pour l’occasion – fait salle comble, " il y a trop de monde " dit un vigile, soucieux de respecter les consignes de sécurité. Par chance, Gaël Brustier descend à ce moment là pour faire entrer des journalistes retardataires. Le Loft est effectivement plein, environ 700 personnes sont présentes. Des responsables associatifs, un banquier "progressiste "   , Malek Boutih et la députée Christiane Taubira sont à la tribune. Arnaud Montebourg leur fait face, il est assis et se concentre. Dans cette ambiance plutôt feutrée et chaleureuse, les différents intervenants font part de leur soutien au mouvement, les congratulations fusent.

 
Et voici le moment tant attendu de l’après-midi, il est environ 15h50, Arnaud Montebourg monte sur les planches, il embrasse chacun des invités et prend la parole pour plus de 45 minutes d’intervention. Un discours fleuve, où se mêle remerciements, monologue, réaffirmation du soutien au candidat à l’élection présidentielle - vainqueur de la primaire du mois d’octobre -, commentaires de l’actualité politique. A l’oral, le camarade Montebourg ne se débrouille pas trop mal, il se lance dans une première exégèse du poème d’Aragon, une ode à la résistance et au courage. Il renchérit en proclamant que "La Rose et le Réséda"  c'est " le poème du réveil français ". Mais que veut-il dire véritablement ? Parle-t-il du mouvement ? Nous n’en apprendrons pas plus. Si ce n’est de la part des organisateurs pour qui le mouvement est "un regroupement informel de citoyens qui se reconnaissent dans une grande partie des combats et des idées portés par Arnaud Montebourg et ses soutiens "   . Mais alors sommes-nous rentrés dans une nouvelle ère de l’exercice politique ? D’après l’équipe aux commandes, le mouvement Rose Réséda n’est "ni un courant du PS (une bonne moitié des volontaires n'y sont pas encartés), ni un parti politique (puisqu'il n'est pas structuré comme tel), mais un regroupement d'un nouveau type, souple dans lequel chacun s'investit selon ses envies "   . Mais cela rappelle tout de même des tentatives passées, comme celle : du Nouveau Parti Socialiste (NPS). Aujourd’hui le Mouvement Rose Réséda est décrit par ses organisateurs comme une interface entre le terrain et la campagne de François Hollande. Les volontaires du mouvement peuvent être à la fois membres des groupes d’experts du candidat mais également participants aux évènements et aux actions de porte- à- porte promues par les militants socialistes. Une structure de type think tank sera mise en place, il "fera appel à des experts pour réfléchir, échanger et proposer. Ces experts pourront participer également aux universités populaires qui sillonneront la France "   . On compte déjà des soutiens intellectuels comme Cynthia Fleury, Régis Debray.


"Celui qui croyait au ciel. Celui qui n'y croyait pas ", voici les premiers vers du dit poème, Arnaud Montebourg est un homme politique qui croit et qui tente d’agir, à sa façon. Il fait de la résistance, mais avec le mouvement Rose Réséda point de règlement de compte, un attachement à la rose pour symboliser son soutien au Parti socialiste – et au candidat - et une fidélité au réséda, le réséda comme la représentation des combats menés par le camarade Montebourg. Nous retiendrons de cet après-midi sur les hauteurs de Belleville l’importance des symboles en politique et surtout la tentative de réinventer les formes d’action politique pour obtenir le changement. A Arnaud Montebourg de conclure : "Veillez à ce que vos rêves soient les plus grands possibles pour qu’il en reste toujours quelque chose ". Le mouvement est lancé.

 
*  Gaël Brustier - coordonnateur national du Mouvement Rose Réséda et directeur de cabinet d'Arnaud Montebourg au Conseil Général de Saône et Loire - nous a accordé un interview pour nous parler du mouvement Rose et Réséda, lancé samedi 4 février.

Nonfiction.fr - Samedi dernier lors du lancement du Mouvement Rose Réséda, dans les discours d’Arnaud Montebourg et de ces différents soutiens, difficile d’obtenir une véritable définition, comment  définiriez-vous le mouvement ?


Gaël Brustier - Il s’agit d’un mouvement d’idées. C’est un mouvement dédié au combat culturel. Qu’est ce que le combat culturel ? Pour aller vite, c’est la capacité à faire partager sa vision du monde. Le Mouvement Rose Réséda est donc un mouvement au service de toute la gauche et vise à lui donner les moyens de dominer culturellement le pays. Jamais la Gauche n’a été reconduite au pouvoir en France. Ni le Cartel des Gauches, ni le Front Populaire, ni le Front Républicain de 1956, ni les majorités de François Mitterrand en 1981 et 1988, ni la Gauche Plurielle de 1997 n’ont été reconduites. Le Mouvement Rose Réséda a pour fonction, à travers ses groupes locaux, ses Universités Populaires Itinérantes et son Ecole de combat politique de faire émerger une nouvelle génération de cadres politiques et de d’amener les citoyens à la politique et de permettre à la gauche de gouverner sur ses idées à elle et dans la durée.


Nonfiction.fr - Le mouvement doit accueillir un think tank en son sein. Quel sera son rôle ?


Gaël Brustier - Le think tank et le Mouvement Rose Réséda sont deux choses distinctes. Le think tank ne se développera pas " au sein " du M2R mais sera indépendant. Il vise à être un réservoir d’idées pour éclairer l’avenir. Il sera lancé ultérieurement. Revue en ligne, colloques, notes sont au programme…


Nonfiction.fr - Quelle va être la nature de l’implication du Mouvement Rose Réséda dans la campagne présidentielle et dans celle des législatives ?


Gaël Brustier - Le Mouvement Rose Réséda, comme mouvement d’idées et de combat culturel vise à faire gagner la gauche, à en être le carrefour, à favoriser son unité. Son engagement pour la victoire de François Hollande est total. Nombre des solutions nouvelles promues par Arnaud Montebourg au moment de la primaire citoyenne sont au cœur de la campagne. Le Mouvement Rose Réséda ne donne aucune investiture, même si un certain nombre de ses membres seront candidats aux élections législatives