Est-ce qu’il n’y a pas quelque chose d'absurde à escamoter la réflexion sur le statut de la médiation culturelle lorsqu’on prétend s’attacher à connaître et comprendre le fonctionnement du monde de la culture, des arts et des sciences dans les conditions d’interférences contemporaines ? 

 

 

De nos jours, un centre d’art, un spectacle, un concert, des productions plastiques, des expositions scientifiques ou la réalisation d’environnements sonores dans un paysage tirent autant leur force et leur réussite de qualités esthétiques propres, d'une démarche et de sa pertinence par rapport à des questions artistiques, scientifiques, sociales, politiques, économiques, que d’un travail accompli méthodiquement par des médiatrices/médiateurs culturels auprès des publics concernés. C’est à ces médiateurs – des intermédiaires dans une circulation par conséquent, à une époque où les médiations pédagogiques, savantes ou sociales sont entrées en mutation - que l’on doit d’ailleurs les nouvelles relations entretenues entre les artistes et le quotidien, les chercheurs et les publics, les lieux publics ou les préoccupations des citadins. Ce sont eux qui interviennent dans les opérations d’art public, dans celles d’universciences, mais aussi dans le déploiement des fêtes (de la musique, de la poésie, de la science, ...) qui à de nombreux égards justifient l’usage théorique de la notion d’esthétisation de la culture et des arts. 

 

 

De surcroît, ces professionnels de la culture commencent à s’organiser en associations, en syndicats, donc à se doter d’un fonds de pratiques, de savoir-faire, d'habitudes qui engagent, explicitement ou implicitement, une déontologie du métier, elle-même adossée à une éthique encore imprécise.

 

Il est donc nécessaire de s’attacher à élaborer la question des médiateurs, de tenter d’appréhender avec ampleur les pouvoirs et les ressources des personnes qui sont au cœur du fonctionnement de cette instance sociale. 

 

A cet égard, une des questions centrales qui se pose est notamment celle de savoir si ces intermédiaires construisent par rapport au monde de l’art, de la science et de la culture une perspective participative-critique (à travers leur engagement culturel et le minimum de liberté que peuvent leur apporter leurs connaissances culturelles), s’ils se contentent de se soumettre aux missions de maintien du lien social par la culture qu’on leur confie souvent ou encore s’ils se complaisent à rendre le public adéquat aux nouveaux spectacles disponibles sur le marché culturel global.

 

 

C’est à tout cela que la dernière livraison de la revue Raison Présente (n°177, 1° trimestre 2011) s’attache. Titrée : Pour une éthique de la médiation culturelle ?, elle construit, grâce à plusieurs collaborateurs (Bruno Péquignot, Jean-Claude Wallach, Bruno Nassim Aboudrar, Cyrille Planson, Anne Quentin, Cécilé Camart, Catherine Bertho, Elisabeth Caillet, Marie-Hélène Vignes, Alain Kerlan), un panorama de la médiation culturelle (sciences, arts, culture) qui n’a pas encore été tenté

 

 
 

A propos de ce numéro :

 

 

Raison Présente, "Pour une éthique de la médiation culturelle ?", n° 177, 1° trimestre 2011. On peut se procurer ce numéro en appelant : 01 46 33 03 50 (mercredi après-midi, jeudi, vendredi).