En partenariat avec deux associations étudiantes, Nouvelle Europe a mis en place la première simulation parisienne de Conseil européen : Euréchos. Un exercice de longue haleine qui s'est ouvert le 4 février dernier.

 

Trois questions à Philippe Perchoc, président de l'association Nouvelle Europe :

 

Nonfiction.fr : Vous avez lancé, le 4 février dernier, un exercice de simulation de Conseil européen avec les étudiants de Sciences Po Paris et de la Sorbonne nouvelle. Souhaitiez-vous, par cette initiative, faire davantage connaître un mécanisme de décision parfois jugé peu transparent ?

Philippe Perchoc : Lorsque nous avons lancé ce projet avec l'AMAE (l'Association du Master d'Affaires européennes de Sciences Po) et Franchement Europe (l'Association du Master d'Etudes européennes de Paris-III Sorbonne Nouvelle), nous poursuivions trois objectifs pédagogiques : donner une première expérience de la négociation aux étudiants, faire comprendre une institution originale comme le Conseil Européen de l'intérieur et briser les préjugés entre grandes écoles et universités. Ce projet est aussi celui d'une coopération entre IRENE-ESSEC, Paris-III Sorbonne Nouvelle et Sciences Po qui nous ont apporté un soutien important pédagogique et logistique, et je pense que dans le paysage de l'enseignement supérieur actuel, ce n'est pas la moindre de ses originalités.

65 étudiants, répartis en 17 délégations nationales, trois équipes de lobbyistes et une équipe de journalistes (de l'IFP) se sont donc lancés dans un mois de négociations. Après l'élection du Président (slovaque) du Conseil Européen le 13 février, les participants ont tiré les leçons suivantes : d'une part, négocier, c'est accepter d'entrer dans les détails de ses intérêts au lieu d'afficher uniquement des positions de principes, d'autre part, la fatigue joue un rôle fondamental dans le processus.

Le mécanisme est certes peu transparent pour les opinions publiques, et nos journalistes cantonnés en dehors de la salle s'en sont bien rendu compte. Néanmoins, seule une porte close permet parfois d'aller au fond des choses. L'important est de pouvoir rendre des comptes démocratiquement.

 

Nonfiction.fr : Le Conseil européen a élu son président. Une journée de négociation est organisée  le 6 mars prochain autour du projet de gazoduc Nabucco. A mi-chemin, quels enseignements tirez-vous de cet exercice ? Quels conseils donneriez-vous, éventuellement, aux réels représentants du Conseil européen ?

Philippe Perchoc : Je pense que ce type d'exercice est une source importante d'enseignements pédagogiques pour les étudiants, mais aussi pour les formateurs.

On y découvre l'importance de faire le lien entre enseignements théoriques et juridiques d'une part et la pratique d'autre part. C'est probablement - au-delà des habituels stages - l'un des moyens de rapprocher les étudiants de la vie professionnelle. A travers cette initiative, les étudiants ont pu rencontrer des milieux diplomatiques et industriels dont les portes sont habituellement fermées. En effet, chaque équipe est soutenue par de vrais acteurs européens qui se sont associés au projet : 17 ambassades, trois acteurs du secteur énergétique (Total, Gazprom Marketing and Trading et GDF-Suez), la Représentation de la Commission européenne en France, le Ministère du développement durable et le Mouvement européen 92.

Par ailleurs, il est très clair que les étudiants – qu'ils viennent de l'université ou de grandes écoles – sont confrontés aux mêmes questionnements concernant leur avenir. La première réussite du projet, de mon point de vue, est bien de montrer que la compétition montée en épingle par les médias est assez dérisoire.

 

Nonfiction.fr : Comptez-vous poursuivre cet exercice de simulation au-delà du 6 mars ?

Philippe Perchoc : Cette première édition se terminera le 6 mars après un mois, et ce sera l'occasion d'en dresser un premier bilan pour tirer, nous aussi, les leçons de cette expérience. Le docu-fiction qui sera réalisé pour Nouvelle Europe par Iksel Films permettra dans les mois qui viennent de poursuivre par d'autres moyens nos objectifs pédagogiques. Quant à réaliser une autre édition de la simulation, tout est négociable !

 

 

Le site internet d'Euréchos : http://eurechos.nouvelle-europe.eu