"Nous devons être capables de refonder notre modèle économique et social sur une éthique, celle du travail et d'un partage des richesses produites plus juste et plus efficace." Nicolas Sarkozy s’adresse ainsi à Jean-Philippe Cotis, directeur de l’INSEE, dans la lettre de mission qu’il lui a fait parvenir en février dernier, à la suite de la première journée unitaire d’action. M. Cotis lui a remis mercredi dernier son rapport, qui porte précisément sur le partage de la valeur ajoutée, le partage des profits et les écarts de rémunération en France. Se présentant comme un diagnostic susceptible de nourrir le débat entre partenaires sociaux à partir de constats communs, l'étude se place sur une perspective longue, qui inclut des éléments de comparaison internationale.

Les conclusions du rapport Cotis, disponible en intégralité sur le site de La Documentation française, sont diversement comprises par les médias et les partenaires sociaux. Les enjeux soulevés par l'étude sont foisonnants : s'agit-il d'une façon de masquer la question plus large des inégalités? Est-ce un instrument fiable de comparaison internationale des systèmes sociaux? Pourrait-elle consister en un point de départ pour reconsidérer le modèle managérial français? Pour repenser la négociation salariale dans notre pays?

Le rapport montre entre autres une "remarquable stabilité" de la part salariale dans le partage de la valeur ajoutée sur le long terme. L'idée généralement admise jusqu'alors d'une détérioration de la  part du travail par rapport à la part du capital est par conséquent invalidée par le rapport. L'étude observe en outre un accroissement global des inégalités salariales et l’augmentation conséquente (par cinq depuis 1993) du montant des dividendes versés aux actionnaires, tandis que l'autofinancement des investissements par les entreprises a baissé.

Qualifié de "chantier stratégique pour la rénovation de notre système économique et social" par le Président, ce rapport servira de base aux débats sur le partage des bénéfices, notamment entre syndicats et patronat. Nicolas Sarkozy souhaite que les partenaires sociaux lui fassent leurs propositions avant le 15 juillet