Vingt-neuf personnalités du monde universitaire lancent une pétition pour "refonder l'Université", texte publié dans Le Monde (14.05.2009).

Dépassant la diversité des positions de chacun (pour ou contre la loi LRU, gauche ou droite, sciences de la nature et sciences sociales), les rédacteurs de l'appel veulent ouvrir le débat de la refonte du système universitaire français, à l'agonie, en posant avec clarté les grands axes et principes qui font consensus parmi l'ensemble de la communauté universitaire française.

 

- La place de l'Université française : Les auteurs insistent sur sa situation de concurrence déloyale vis-à-vis des classes préparatoires, BTS, IUT et grandes écoles ; et sur l'absence d'une gestion globale de l'enseignement supérieur par le ministère de l'Éducation nationale, celle-ci étant éclatée entre diverses autorités ministérielles et administratives (par exemple, les ministères sectoriels pour les écoles professionnelles). Il s'agirait de donner au ministère de l'Éducation nationale la supervision de l'ensemble de l'enseignement supérieur.

- La double mission de l'Université de produire et de transmettre des savoirs légitimes et innovants, et de préparer et d'assurer l'avenir professionnel de ses étudiants. Pour cela, les auteurs de l'appel soulignent deux principes qui sous-tendent ces deux missions : "le souci primordial de la qualité et de la fiabilité des connaissances produites et transmises", et "la distinction nécessaire entre missions des universités et missions des universitaires". Si une université doit être administrée par un personnel administratif compétents et en nombre suffisant, il revient aux universitaires eux-mêmes d'en assurer le pilotage, de manière collégiale, comme cela est dans toutes les grandes universités des pays démocratiques.

- Le principe du libre accès à l'enseignement supérieur ne saurait être remis en cause. Néanmoins, les auteurs prônent l'instauration d'un véritable système propédeutique en Licence afin de remédier au taux d'échec élevé pour les premières années universitaires. Le principe du libre accès à l'enseignement supérieur implique, de même, une action contre la paupérisation des étudiants, action qui pourrait passer par l'allocation d'un capital minimum de départ pour tout étudiant. Enfin, la sélection devrait se faire à l'entrée du Master, et non pas en deuxième année du Master comme c'est actuellement le cas.

- L'autonomie des universités fait consensus, mais tout dépend de ce qu'on y met. Il ne faut pas confondre, selon les auteurs, entre autonomie de gestion (principalement locale) et autonomie scientifique (indissociable de garanties statutaires nationales). Les pouvoirs renforcés des présidents d'universités, notamment en matière de recrutement, ne doivent pas conduire à une recrudescence du clientélisme et du localisme. Pour cela, de véritables contre-pouvoirs au sein des universités doivent être instaurés. Enfin, l'autonomie des universités signifie également une autonomie financière, et non une raréfaction accrue de ses ressources budgétaires.

 

Après des semaines de mobilisation, les universitaires français, conscients que l'Université française se retrouve à la croisée des chemins, et que le champ des possibles est ouvert, pour le pire comme pour le meilleur, parviennent à travers cet appel a éclaircir et recentrer le débat sur ces grands axes essentiels qui doivent fonder l'Université de demain. Ce Manifeste "pourrait servir de point de départ à une véritable négociation, et non à des simulacre de concertation, et être à la base d'une auto-organisation d'États généraux de l'Université".

L'appel compte à ce jour plus de 3 000 signataires

 

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