Le nouveau duo le plus puissant de la planète agite vivement la presse juive et islamique. Drôle d'attelage en effet que ce Barack Hussein Obama et ce Rahm Israël Emanuel : le père du premier est un Kenyan musulman quand les racines familiales du second sont ancrées dans l'État hébreu. Ainsi, alors que l'élection du nouveau président américain a soulevé un vent d'espoir au Moyen-Orient, la désignation de son Chief of Staff a provoqué l'euphorie en Israël et l'inquiétude dans les territoires arabes.

Par exemple, on pouvait lire dans le quotidien saoudien Arab News du mercredi 19 novembre 2008 que "pour des millions d'Arabes qui avaient donné libre cours à leur allégresse lors de la monumentale victoire d'Obama, cette nomination a fait l'effet d'une douche froide après une fête éphémère". D'une façon encore plus brutale, le journal iranien Kayhan décrit le bras droit du président américain comme un "sioniste disposant de liens familiaux bien établis avec Israël" et ajoute que "le défi pour Obama est de montrer au monde qu'il est véritablement prêt à offrir à Téhéran une négociation globale plutôt qu'un big bang". Ambiance...

Du côté israélien, on ne fait pas non plus dans la dentelle. Le journal Maariv publiait la semaine dernière une interview de Benjamin Emanuel, le père du futur White House Chief of Staff, dans laquelle il déclarait que son fils allait rapidement convertir Barack Obama à la cause israélienne. Et pour faire bonne mesure, l'article présentait Rahm Emanuel ni plus ni moins que comme "notre homme à la Maison blanche".

Ainsi, alors que les politiciens de Washington ne mentionnaient jusque là que des anecdotes croustillantes sur celui que l'on surnomme "Rahmbo" en vertu de son caractère haut en couleurs   , les médias comme les lobbyistes s'intéressent de plus près au parcours de ce golden boy du Parti démocrate   . Et comme souvent, pour faire monter l'audimat ou les honoraires, on ressort une par une les positions pro-israéliennes de Rahm Emanuel à la Chambre des Représentants   et on rappelle qu'il a effectué un service civil volontaire dans l'État hébreu pendant la Guerre du Golfe.

Pourtant, c'est oublier un peu vite que Rahm Emanuel, lorsqu'il était conseiller politique de Bill Clinton dans l'Aile Ouest, fut l'un des principaux acteurs du processus de paix israélo-palestinien qui a mené aux accords d'Oslo, scellés par une poignée de main entre Yasser Araft et Yitzhak Rabbin sur la pelouse de la Maison blanche en 1993. Les coulisses de cet événement sont d'ailleurs décrites avec passion et minutie dans le livre de George Stephanopoulos, All Too Human, A Political Education   .

Qui plus est, le poste de White House Chief of Staff ne confère pas une influence prédominante sur la politique proche-orientale du président des États-Unis. D'ailleurs, Rahm Emanuel affirmait mercredi dernier à l'agence Reuters que le président élu n'avait nullement besoin de son influence pour se déterminer face à Israël, dont il soutient la sécurité de façon "ferme et inébranlable". Et en la matière, les choix de Barack Obama pour la composition du National Security Council   et pour la direction du secrétariat d'État   seront plus probants pour ce qui concerne ses projets au Moyen-Orient