Dans le contexte de la crise financière, The Economist publie cette semaine une analyse particulièrement intéressante sur l'Afrique, alors que les médias semblent, dans leur ensemble, irrésistiblement focalisés sur les cours des indices boursières.

La crise financière, soutient The Economist, pourrait se révéler une chance pour l'Afrique, dont le secteur bancaire est quasiment exempt de tout risque systémique du fait à une régulation en la matière alors communément jugée excessive et conservatrice. Certes, l'Afrique ne sera pas à l'abri d'une récession mondiale, mais l'abondance de ses ressources en minerais et en hydrocarbures lui assure le maintien de taux de croissance supérieurs à la moyenne mondiale. En effet, le continent africain, jusqu'alors délaissé à sa "fatalité", se voit de plus en plus courtisé par le monde : la Chine d'abord, talonnée de près par l'Inde, mais aussi par les États-Unis qui se sont fixés pour objectif d'importer d'Afrique un quart de leurs besoins en pétrole d'ici une décénie.

Toutefois, cette nouvelle possibilité de richesse contient aussi son lot d'effets pervers. Les dirigeants africains sont, en effet, d'autant plus prompts à réduire toute ouverture démocratique quand ils voient le miroitement de ce flot nouveau de capitaux. En outre, des acteurs comme la Chine sont plus soucieux d'assurer la bonne livraison des matières premières convoitées que d'inciter leurs interlocuteurs africains à s'intéresser aux besoins de leurs populations. Par ailleurs, le développement d'une industrie d'extraction minières tend à affaiblir l'économie manufacturière. Il est de ce point de vue remarquable que les pays africains en pointe dans le développement économique sont ceux qui n'ont pas ou peu de ressources naturelles, comme le le Ghana, le Mali ou le Mozambique.

Malgré le regain de tensions politiques dû à l'apparition de nouvelles richesses, malgré une corruption endémique, malgré tout, la crise financière pourrait marquer pour l'Afrique le début d'un véritable envol économique

 

* "Opportunity knocks", The Economist, 11.10.2008.