Un blurb, pour quoi faire ? Voici l'interrogation que lance ce jour William Leith dans le Guardian. L'écrivain s'interroge en effet sur cette petite phrase, qu'un auteur (blurbee) - ou un éditeur - demande à un autre auteur (blurber) d'apposer sur la quatrième de couverture de l'ouvrage qu'il s'apprête à publier, afin de souligner combien son livre mérite d'être lu. "Transaction étrange", comme l'indique Leith. Non rémunérée, elle ne connaît qu'une règle : ne pas "blurber" quelqu'un qui vous a "blurbé" récemment.

Il y a ceux que le blurb agace, comme Alexander Waugh, et il y a ceux qui y voient une forme d'entraide au sein de la communauté littéraire. Ainsi Matt Thorne déclare-t-il lire les ouvrages "blurbés" par Brett Easton Ellis, "non seulement par ce qu['il] l'apprécie comme écrivain, mais aussi parce qu'il a un regard avisé". Mais à quoi sert le blurb ? Stephen Dubner - co-auteur de Freakonomics - confie avoir eu plusieurs attitudes successives à l'égard du blurb. Il y a longtemps, il croyait que cela comptait vraiment ; puis que cela ne servait pas à signaler l'intérêt d'un livre, mais à mettre en valeur ses relations ; enfin que cela ne servait à rien du tout, les lecteurs n'y accordant pas plus de crédit qu'à la promesse d'un vendeur de voiture d'occasion que celle-ci est en parfait état.

Est-ce si simple ? On peut parfois repérer des liens - indirects - entre "blurber" et "blurbé". Par exemple : Howard Jacobson a "blurbé" Simon Gray, ami d'Harold Pinter, qui lui-même a "blurbé" Jacobson. Mais, note très justement William Leith, en dépit des connexions pouvant exister, celles-ci ne sont pas primordiales. En effet, le "blurber" joue aussi sa réputation dans l'affaire : si c'est une occasion pour lui de faire sa publicité, il doit donc le faire à bon escient pour ne pas écorner sa crédibilité...

 

 

* William Leith, "Blurb your enthousiasm", The Guardian, 22.09.2008