Dans ce roman historique qui relate le voyage peu connu de Louis XVI à Cherbourg en juin 1786, l’auteur réhabilite ce roi victime de ses courtisans.

En juin 1786, Louis XVI décide, contre l’avis de ses plus proches conseillers, de se rendre à Cherbourg, pour une inspection militaire de la rade, où se termine la construction des défenses. Le roi a alors 32 ans et n’a voyagé que pour son sacre à Reims. Marie-Antoinette ne l’accompagnera pas, car elle est enceinte. Alors qu’elle l’a éclipsé dans l’Histoire, et qu’on ne retient de lui que l’image d’un être velléitaire, passionné de chasse et d’horlogerie, benêt et inculte, ce roman, très informé et documenté, nous le présente comme un homme d’esprit, qui parle plusieurs langues, et qui a organisé lui-même, en cartographe, le voyage de La Pérouse.

 

Un roi à la rencontre de son peuple

Ce voyage est pour Louis XVI l’occasion de découvrir son peuple et de se libérer de l’étiquette de Versailles et des coteries de la cour qui lui volent son pouvoir. Les Français l’acclament sur son passage, lui qui fuit le protocole pour se rapprocher d’eux et dote avec générosité une pauvre femme enceinte. Il avait, à vingt ans, voulu abolir l’esclavage, ce dont son entourage l’a dissuadé. Il aurait voulu faire plus de réformes pour son pays, mais la noblesse, qui était, selon le romancier, son véritable ennemi, l’en a empêché. En l’accompagnant tout au long de cette parenthèse enchantée, l’auteur cherche à le réhabiliter et le présente comme un roi humaniste, qui rêve d’une société plus juste

 

Les libertés du roman historique

Gérard de Cortanze cite Balzac en épigraphe : « Il y a deux histoires : l’Histoire officielle, menteuse, qu’on enseigne, l’Histoire ad usum Delphini ; puis l’Histoire secrète, où sont les véritables causes des événements, une histoire honteuse. » Le roman historique lui permet des libertés, comme le rêve prémonitoire de Louis XVI où le lecteur reconnaît la fameuse fuite de la famille royale à Varennes les 20 et 21 juin 1791. Dans cette France rurale, où l’on croit encore aux sorcières, une femme mystérieuse murmure à l’oreille du roi. C’est peut-être une allégorie de la France… Le dernier chapitre est consacré à la mort de Louis XVI, dont la nouvelle arrive à Cherbourg le 23 janvier 1793, et qui donne lieu à un explicit poétique où s’exprime la mélancolie du romancier devant ce destin fatal d’un roi auquel l’histoire n’a pas rendu justice.

La liste des sources du romancier est impressionnante et fait penser à cette phrase des Carnets de Joubert : « Celui qui a de l’imagination sans érudition, a des ailes et n’a pas de pieds. » Ce roman qui détaille un épisode peu connu de l’histoire de France et permet de poser un regard nouveau sur un de ses grands perdants se lit avec plaisir et intérêt.